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Road trip et haute montagne en Amérique du Sud

Pour cette « randonnée », j’avais été mandaté par l’association en tant qu’observateur de la formation des accompagnateurs dans les Andes Boliviennes. Or, il se trouve que le lieu de cette observation se trouvait dans la Cordilliera Real, dont les sommets culminent à plus de 6000m. De plus, la ville la plus proche, La Paz, se trouve à une altitude minimale (elle se trouve dans une vallée très encaissée) de 3600m. Il était évident qu’en partant de chez moi, même en habitant à 1000m, l’acclimatation serait difficile. C’est pourquoi, mon collègue, que je remercie en passant, avait cherché un moyen de pouvoir nous acclimater avant de monter à des altitudes inhabituelles pour nous. Ainsi, nous avons inversé le programme habituel, puisque normalement, on visite la région après avoir travaillé pour l’expertise. Ce faisant, nous pouvions visiter le nord du Chili tout en nous acclimatant pour la suite.

La suite de l’article relate mon voyage à travers la région d’Atacama et de la Cordillera Real.

21.3 Calama – San Pedro de Atacama

Après des heures de voyage (le vol Madrid – Santiago dure à lui seul 13h), nous avons atterri à Calama, à la deuxième tentative. En effet, alors que nous nous trouvions à quelques mètres au-dessus de la piste, une bourrasque à déséquilibré l’appareil et le pilote a décidé de repartir pour un tour.

Sur le chemin de San Pedro, nous nous étions arrêtés au bord de la Valle de la Muerte afin de pouvoir prendre une bonne collation.

22.3 Laguna Miñiques, Laguna Miscanti, Piedras Rojas, Laguna Chaxas

En ce premier jour complet au Chili, nous sommes partis au sud en longeant le Désert d’Atacama pour monter aux différentes lagunes se trouvant sur les hauts. Les contrastes de couleurs sont saisissants, en particulier aux Piedras Rojas. Celles-ci portent bien leur nom puisque l’on se trouve dans un environnement très minéral de roches rouges entrecoupées de lagunes de sel, donc blanches.

En rentrant, non seulement nous avons traversé le Tropique du Capricorne, mais nous nous sommes arrêtés au Parque Laguna Chaxas qui se trouve dans le désert de sel d’Atacama. C’est très surprenant de constater que malgré l’environnement hostile, des animaux arrivent à survivre dans cette région. En particulier, dans les quelques plan d’eau (de la saumure, en fait), viennent se nourrir les Flamants.

23.3 El Tatio, Vado Rio Putana, Cañon de Guatìn

En ce jour, nous sommes partis tôt le matin en direction du nord, alors qu’il faisait encore nuit. Le but était d’arriver aux Geysers du Tatio avant que le soleil n’illumine le fond de la caldeira, car plus tard, avec l’augmentation de la température, la vapeur d’eau est nettement moins visible. Il est saisissant de mettre la main au sol à certains endroits et de sentir la chaleur, ainsi que le gargouillement de l’eau sous-jacente.

Pour le repas, nous nous étions arrêtés près du Geyser Blanco où l’eau sortant de la fissure confère à l’environnement une multitude de couleurs. Ces couleurs proviennent non seulement des différents minéraux présents dans l’eau, mais également aux micro-organismes arrivant à vivre dans ces lieux hostiles.

Au retour, nous nous sommes arrêtés vers le Rio Putana. Non loin de cette rivière se trouvent des vestiges d’habitations qui avaient été utilisées par les mineurs qui allaient récolter le soufre au Volcan Putana. Quand on pense à la distance que les mineurs devaient parcourir pour atteindre le sommet du volcan, on reste songeur. D’autant plus que le métier devait être très malsain à ces endroits. Le soufre était utilisé pour la purification du minéral de cuivre.

Plus loin, nous nous sommes encore arrêtés au Cañon de Guatìn. Dans ce cañon, on trouve beaucoup de cactus chandelles, ceux qui, plus âgés, sont utilisés pour leur bois.

24.3 Laguna Lejia, Talabre

Au départ de San Pedro, nous étions partis pour aller visiter la Laguna Lejia. Celle-ci a la particularité de se trouver non loin de la frontière avec l’Argentine. Elle est entourée par des volcans dont le Pili, le Simba et le Lascàr.

Au retour à Talabre, et avant le souper, nous sommes encore allés visiter les pétroglyphes de Talabre. L’âge de ces pétroglyphes n’est pas clairement établi, mais ils établissent une fréquentation régulière depuis des temps reculés. Les gravures représentent non seulement des animaux que l’on peut rencontrer localement, soit domestiques, soit sauvages. On peut mentionner les flamands, les lamas et le puma. On y trouve également des représentations schématiques de chamanes.

Nous avons passés la nuit à Talabre, à 3200m d’altitude.

25.3 Bolivia, Laguna Blanca, Laguna Verde, Laguna Chalviri, Sol de Mañana, Laguna Colorada, Villa Mar

Ce fut une très longue journée, car il s’est agi d’abord de franchir la frontière avec la Bolivie. En même temps, il ne servait à rien de se retrouver trop tôt à la douane, celle-ci n’ouvrant qu’à 9 :00 du matin. La surprise est que les douaniers ont refusé que notre chauffeur traverse la frontière avec son véhicule, malgré une décharge signée par son loueur. Donc, nous aurions théoriquement dûs traverser les 11,5Km de no-mans land séparant les deux frontières à pied, sur une piste poussiéreuse, tout en transportant nos valises. Heureusement, un arrangement avait pu être trouvé.

Du côté bolivien, après avoir remplis les formalités, nous nous sommes mis en route pour rejoindre Villa Mar. Les fleurons rencontrés le long de ce périple sont certainement le Sol de Mañana avec ses geysers de boue et la Laguna Colorada avec sa multitude de flamants roses.

Ce n’est qu’après la tombée de la nuit que nous avons rejoint Villa Mar pour y passer la nuit.

26.3 Piedra de la Copa del Mundo, Italia Perdida, Laguna Vinto, Laguna Negra, Uyuni, Salar de Uyuni, Tahua

Après le réveil et le petit déjeuner, nous nous sommes mis en route pour rejoindre, non loin, de curieuses formations rocheuses. On a l’impression que des blocs de roche rouge ont été posés là, au milieu de nulle part. Certains de ces rochers ont des formes singulières, dont, en particulier, la Copa del Mundo, ressemblant étonnamment au trophée de la coupe du monde de football. Dans ce groupe de rochers se trouve également un lieu nommé Italia Perdida, en référence à un cyclotouriste italien qui s’y était installé quelques temps avant de repartir.

A cet endroit, nous avons également pu observer des Viscaches, qui sont des lièvres sauvages vivants dans ces contrées. Par certains aspects, ils ressemblent étonnamment au lièvre variable de chez nous. La grande différence sont les grandes moustaches des Viscaches qui font penser à un sage qui médite, car au matin, ils prennent le soleil en se mettant sur leurs pattes arrière, les pattes avant étant repliées vers le bas.

Un peu plus loin, nous sommes encore allés visiter un endroit assez étonnant : la Laguna Negra, plan d’eau se trouvant au milieu d’un champ de rochers. En plus de la beauté du paysage, on y rencontre beaucoup d’animaux, sauvages et domestiques. Parmi les espèces sauvages, on peut facilement y voir des Tagua (foulques colonisant les Andes). On peut également y voir des troupeaux de Lamas. Une tradition amusante est d’attacher des fils de couleur aux oreilles des Lamas. Le but est de « colorer » le désert, car il est assez fréquent que ces fils de couleurs restent crochés aux buissons.

Le périple n’était pas terminé pour autant : il nous fallait traverser le Salar d’Uyuni. Ce « lac de sel » a des dimensions énormes : grosso-modo 80Km de large sur 100Km de long. Cette traversée a été une expérience totalement déroutante pour moi. D’abord parce qu’avec de telles dimensions, on commence à prendre conscience de l’effet de la courbure de la surface terrestre. En effet, ce qui apparaît au loin comme des îles sont en réalité les montagnes se trouvant sur l’autre rive. Il existe certes quelques îles (dont la fameuse Incahuasi) mais la plupart des « îles » que l’on voit sont des sommets. Ensuite, la traversée nous a pris plus de 4 heures. Cette durée est le résultat de la faible vitesse imposée par moment, car il se trouvait entre 10 à 20 centimètres de saumure par endroits. On a vraiment l’impression de ne pas avancer : on roule des heures et les montagnes à l’horizon ne semblent pas vouloir s’approcher. C’est pourquoi nous sommes arrivés à Tahua alors que la nuit était déjà tombée.

27.3 Tunupa, Salar de Uyuni, Colchani

Au retour de Tahua, nous n’allions pas simplement retraverser le Salar d’Uyuni. Non, il fallait que nous grimpions un bout les pentes du Tunupa.

Ce volcan éteint présente une très grande variété de couleurs près de l’ancien cratère et en fait une destination de choix pour une ascension. Ici, nous n’allions pas pouvoir gravir le sommet, mais nous nous sommes rendus en contrebas, le long d’une arête.

Au retour à Coqueza, nous avons retraversé le Salar dans l’autre sens. Nous avons pu assister à un spectacle saisissant : une tempête de sable passant par-dessus le Salar.

28.3 La Paz

Ce jour-là, nous avions pris un vol interne pour nous amener depuis Uyuni vers La Paz. Arrivés dans la capitale économique de Bolivie, nous avons tout de suite été mis dans le bain : beaucoup de circulation, de bruit et de pollution. Il faut dire que le parc automobile est fort ancien (certains minibus devant dater des années 60-70).

Toutefois, nous avons emprunté le téléphérique de la ligne jaune pour descendre en ville. Ainsi, nous avons pu voir la ville depuis la cabine tout en nous rendant au lieu de rendez-vous près de la Plaza Abaroa. Là, nous avons pu apprécier la cuisine bolivienne, et en particulier, la soupe au caillou. Cette surprenante soupe de pommes de terre et servie dans un bol au fond duquel se trouve un caillou chauffé à blanc. C’est ce caillou qui va transmettre la chaleur à la soupe. Nous avons également pu goûter au Charque, de la viande de lama.

Après avoir préparé nos affaires de montagne, on nous a emmené à un gîte près de la Laguna Zongo. En passant, nous avons pu entr’apercevoir au loin le Lac Titicaca.

Le lac Zongo est en réalité un lac artificiel dont l’eau est clairement glaciaire : elle est laiteuse. Cette eau contraste fortement avec celles que l’on peut voir de loin en montant, et en particulier du lac de Milluni, à côté duquel se trouvaient des mines. Ces mines d’argent et d’étain ont eu, comme malheureusement trop souvent, pour conséquence de souiller la région en métaux lourds.

Le gîte se trouvant à plus de 4700m d’altitude, le sommeil a été quelque peu difficile à trouver.

29.3 Campo Zongo, Campo Alto Roca

Depuis 4700m d’altitude nous sommes montés au camp d’altitude situé à pratiquement 5200m pour y passer une première nuit. Dans la journée, nous étions encore montés un peu plus haut afin d’aller sur le glacier. Pour aller sur le glacier, nous avions reçu chacun un « popo-tubo », un dispositif destiné à récolter les excréments en cas de besoin urgent sur le glacier. Cela permet d’éviter de souiller le glacier.

Par chance, je n’ai pas été malade à cause de l’altitude : pas de maux de tête, ni d’état nauséeux. Mais à ces altitudes le moindre petit effort prend des proportions énormes.

30.3 Campo Alto Roca, Campo Argentino

Ce dernier jour en altitude a consisté à monter au Campo Argentino. Le nom laisse indiquer la présence d’un refuge. Il n’en est rien : il s’agit d’une zone relativement plate et peu crevassée du glacier du Huayna Potosi. Depuis ce plateau, la voie normale gravit une pente permettant d’atteindre une arête et finalement, le sommet du Huayna Potosi.

Dans la même journée, nous sommes alors descendus à la Laguna Zongo d’où on nous a ramené à La Paz où nous avons encore passé deux nuits avant de revenir en Europe.

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